Le 22 septembre 2023 – Dyslexie Canada félicite la Commission des droits de l’homme de la Saskatchewan (CDHS) pour son rapport fondamental intitulé « Éducation équitable pour les étudiants ayant des difficultés de lecture. » Ce rapport représente une victoire importante pour les étudiants atteints de dyslexie et un pas vers la lutte contre la discrimination systémique au sein du système d’éducation publique de la Saskatchewan.
La Commission a conclu que « grâce à des approches scientifiques de l’enseignement de la lecture, du dépistage précoce et de l’intervention, on estime que la Saskatchewan pourrait s’attendre à ce que seulement environ 5 % des élèves ne répondent pas aux attentes du niveau scolaire en matière d’exactitude et de fluidité de la lecture des mots. » Il est choquant de constater que les résultats provinciaux en matière de lecture indiquent qu’avant la pandémie de COVID-19, 25 % de tous les élèves et un pourcentage stupéfiant de 45 % des élèves appartenant aux Premières nations, aux Métis et aux Inuits n’atteignaient pas les normes provinciales en matière de lecture. La pandémie a encore exacerbé ces défis existants, soulignant la nécessité d’une action urgente.
La dyslexie est la cause la plus fréquente des difficultés de lecture. Elle touche entre 10 et 20 % des enfants. Ce rapport rend compte des expériences vécues par les personnes et les familles touchées par la dyslexie et des obstacles auxquels elles continuent de se heurter dans le système d’éducation publique de la Saskatchewan. « Notre expérience est horrible. J’aimerais que ce soit un cas isolé et non la norme, mais ce n’est pas le cas. Mon fils continue de se débattre dans le système. Nous n’avons plus confiance dans le système éducatif. Nous plaidons et nous nous battons pour chaque aménagement », a déclaré un parent de la Saskatchewan, dont l’expérience est reprise par d’autres dans le rapport. »
Grâce à un dépistage et à une intervention précoces, les élèves présentant un risque de dyslexie peuvent apprendre à bien lire et réussir à l’école. Cependant, lorsque l’intervention appropriée est retardée ou n’a pas lieu, ce qui, selon le rapport, se produit trop souvent en Saskatchewan, les résultats sont souvent sombres. Les difficultés de lecture précoces peuvent éroder la confiance et l’estime de soi d’un enfant et augmenter le risque qu’il soit confronté à de graves problèmes de santé mentale, notamment l’anxiété, la dépression et même le suicide. Un parent a déclaré : « les dommages causés à mon enfant par le système scolaire sont irréparables. »
Le dépistage précoce universel est un moyen efficace d’identifier les enfants susceptibles d’éprouver des difficultés de lecture, de sorte que l’intervention puisse commencer à l’école maternelle ou en première année, au moment où elle est la plus efficace. Cependant, de nombreux professionnels ont déclaré à la commission qu’en Saskatchewan, « de nombreux élèves ne sont pas dépistés de manière efficace ou suffisamment précoce. » Un professionnel a cité les lacunes des politiques provinciales comme un obstacle pour les élèves – « nous n’avons pas de protocole de dépistage précoce, et je sais que nous passons à côté de nombreux élèves qui bénéficieraient d’une intervention précoce. » La commission a conclu que « du point de vue des droits de l’homme, un dépistage universellement mis en œuvre … est nécessaire pour protéger les droits de tous les étudiants, en particulier les étudiants issus de nombreux groupes marginalisés et protégés par le Code. »
Les recommandations du rapport, en particulier l’accent mis sur l’adoption d’un modèle préventif et le maintien d’attentes élevées pour tous les élèves, résonnent profondément avec la mission de Dyslexie Canada. Nous soutenons fermement l’appel de la Commission en faveur d’un examen approfondi et d’une mise à jour du programme provincial d’alphabétisation, de la mise en œuvre d’un dépistage universel et de l’accès à des interventions intensives fondées sur des données probantes pour tous les élèves qui en ont besoin.
Dyslexie Canada remercie également la commission d’avoir sollicité l’avis des personnels enseignants de première ligne. La Commission a noté que la majorité des personnels enseignants qui ont répondu : « voient un avantage à adopter un changement. » Nombre d’entre eux ont déclaré à la commission que l’approche décrite dans le programme d’études provincial n’était pas conforme aux pratiques scientifiques fondées sur des preuves, ce qui entraînait un nombre inacceptable d’élèves en difficulté et une demande insatisfaisante de services d’éducation spéciale. Un personnel enseignant a déclaré que « si les enseignants suivaient une approche de la science de la lecture plutôt qu’une approche équilibrée de l’alphabétisation, nous aurions peut-être assez de temps pour répondre aux besoins des élèves qui ont besoin d’un soutien supplémentaire. »
Les personnels enseignants ont également évoqué les lacunes de la formation qu’ils ont reçue et ont demandé aux facultés d’éducation d’actualiser leurs cours pour les aligner sur les pratiques actuelles fondées sur des données probantes. Dyslexie Canada soutient les personnels enseignants dans leur demande de modification de la formation initiale des enseignants. En outre, il demande à la province de fournir un développement professionnel intégré à l’emploi et un soutien continu pour aider les personnels enseignants à faire la transition vers une alphabétisation structurée.
Bien qu’il existe depuis longtemps un débat philosophique sur la meilleure façon d’enseigner la lecture aux enfants, le rapport de la CDHS est sans appel : « Les recherches et les consultations menées par la Commission auprès d’un large éventail de sources ont montré que la science et la recherche qui sous-tendent l’approche structurée de l’alphabétisation sont supérieures à l’approche équilibrée de l’alphabétisation et ont prouvé qu’elles étaient utiles à un plus grand nombre d’apprenants, y compris ceux qui souffrent de dyslexie. »
La Saskatchewan n’est pas la première province à faire l’objet d’un examen approfondi de son approche de l’enseignement de la lecture du point de vue des droits de l’homme. En février 2022, la Commission ontarienne des droits de l’homme a publié le rapport « Le droit de lire », qui préconise des changements radicaux, notamment un programme scolaire fondé sur une alphabétisation structurée. L’Ontario s’est engagé à mettre en œuvre les recommandations de la CODP. Au Canada, l’Alberta, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et le First Nations School Board of the Yukon ont également commencé à procéder à des changements similaires. Au niveau international, la Grande-Bretagne, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et de nombreux États américains ont également supprimé l’alphabétisation équilibrée de leur programme d’études.
Dyslexie Canada exhorte la Saskatchewan à faire de même en actualisant rapidement le programme d’études et en mettant en œuvre un dépistage et une intervention universels fondés sur des données probantes, dans l’intérêt de ses élèves. Dyslexie Canada reste déterminée à soutenir la mission de la CDHS et à collaborer avec toutes les parties prenantes pour s’assurer que les étudiants atteints de dyslexie reçoivent l’éducation équitable qu’ils méritent. Ensemble, nous pouvons construire un avenir meilleur et plus inclusif pour tous les élèves de la Saskatchewan.