Malentendus courants au sujet de la dyslexie
Bien que la lecture soit l’aspect le plus étudié de la cognition humaine, les familles et les éducateurs reçoivent souvent des informations obsolètes et inexactes. Nous abordons ici quelques mythes courants qui peuvent nuire aux enfants en empêchant ou en retardant la mise en place d’un enseignement et d’une intervention efficaces en matière de lecture.
Mythe n° 1 : Chaque personne apprend à lire différemment
La recherche montre qu’il existe une méthode principale pour devenir un bon lecteur, et un enseignement efficace suit les mêmes principes de base pour tous les enfants. Toutefois, certains enfants auront besoin d’un enseignement plus poussé: un enseignement axé sur des compétences spécifiques, dispensé dans un groupe plus restreint ou pendant une période plus longue.
Mythe n° 2 : L’apprentissage de la lecture est un processus naturel
Alors que la plupart des enfants apprennent à marcher et à parler sans enseignement, la lecture et l’écriture ne se développent pas naturellement de cette manière. Il n’existe pas de « zone de lecture » unique dans le cerveau ; au contraire, l’apprentissage de la lecture implique l’adaptation de différentes zones cérébrales utilisées à l’origine pour d’autres fonctions. L’apprentissage de la lecture nécessite un enseignement direct et beaucoup de pratique pour atteindre la maîtrise de la langue écrite.
Mythe n° 3 : Si un enfant a des difficultés à lire, il s’en sortira avec le temps.
La recherche montre que les lecteurs en difficulté sont presque certains de continuer à avoir des difficultés en vieillissant, à moins que des interventions efficaces ne soient mises en œuvre. Le fait de retarder l’intervention a souvent pour effet de creuser l’écart entre les compétences et d’aggraver les problèmes de lecture.
Mythe n° 4 : Les lecteurs compétents utilisent des indices comme le sens pour lire les mots.
Dans le passé, de nombreuses méthodes d’enseignement encourageaient les enfants à utiliser des indices pour lire les mots, par exemple en devinant en fonction du contexte, en regardant les images ou en pensant à ce qui pourrait sonner juste. C’est ce que l’on appelle «les trois indices» (ou «three cuing» en anglais). Les recherches montrent que ces stratégies ne sont pas efficaces. Les lecteurs compétents prononcent les mots et, avec suffisamment de pratique, ce processus devient automatique, ce qui leur permet de reconnaître les mots à vue sans effort. Lorsque les enfants sont confrontés à des textes plus difficiles, comportant moins d’images et un vocabulaire plus complexe, le recours à la méthode des trois indices devient moins efficace. Ils peuvent avoir du mal à deviner les mots inconnus ou à comprendre le sens du texte. Sans de solides compétences en matière de décodage, ils peuvent se retrouver bloqués et trouver la lecture frustrante.
Mythe n° 5 : Lire à votre enfant peut prévenir les difficultés de lecture
La lecture à haute voix peut favoriser le vocabulaire et la compréhension et encourager l’amour de la lecture, mais elle n’aborde pas les compétences fondamentales de décodage que de nombreux lecteurs en difficulté ont besoin d’améliorer. Une intervention ciblée sur les lacunes est nécessaire pour améliorer les difficultés de lecture, même si la lecture à haute voix devrait être poursuivie pour ses autres avantages.
Mythe n° 6 : l’enseignement et l’intervention en matière de lecture doivent être multisensoriels
Certaines approches populaires de l’enseignement de la lecture mettent l’accent sur l’utilisation d’éléments visuels (voir), auditifs (entendre), kinesthésiques (bouger) et tactiles (toucher), tels que des bacs à riz ou à sable, des planches à bosses ou de la pâte à modeler. Aucune étude n’indique que l’enseignement multisensoriel est plus efficace que d’autres types d’enseignement structuré de la lecture et de l’écriture, qui comprennent des exercices d’orthographe et d’écriture en plus de la lecture.