Résumé
L’Ontario a fait d’importants progrès en matière de réforme de l’alphabétisation précoce, guidée par les recommandations du rapport « Le droit de lire » de la Commission ontarienne des droits de la personne. La province a retiré les stratégies de répérage du curriculum, a établi des attentes claires concernant les compétences fondamentales et a mis à jour les directives pédagogiques afin de refléter une approche structurée de l’alphabétisation. Une politique de dépistage universel est en vigueur et le gouvernement a utilisé des fonds pour encourager les conseils scolaires à adopter des programmes d’intervention fondés sur des données probantes. Il a également investi dans le soutien aux enseignants par la création d’ONlit, une plateforme provinciale offrant des ressources et du perfectionnement professionnel.
Toutefois, d’importantes lacunes subsistent. Il n’existe toujours pas de politiques officielles en matière d’intervention, de suivi des progrès ou de communication des résultats, et les normes de formation des enseignants demeurent vagues et insuffisantes pour garantir que les futurs enseignants soient en mesure d’apprendre à lire à tous les enfants et d’accompagner ceux qui sont dyslexiques. Pour instaurer un changement durable, l’Ontario doit maintenant s’appuyer sur l’excellent travail qu’il a entrepris et mettre pleinement en œuvre toutes les mesures prévues. Recommandations de l’enquête « Le droit de lire »
1. Curriculum et enseignement
Les références au « trois indices » ont-elles été supprimées du programme d'études et des documents d'orientation pédagogique ?
L’Ontario a supprimé les références aux stratégies de repérage à la fois dans le programme d’études en langue et des documents d’orientation pédagogique, ce qui est un éloignement clair des approches obsolètes de l’enseignement de la lecture.
La province a-t-elle des attentes spécifiques et mesurables en matière de compétences fondamentales de la maternelle à la 3e année ?
Le curriculum de langue et le Continuum des notions fondamentales de la lecture et de l’écriture représentent des progrès majeurs. Ils définissent clairement les attentes, niveau par niveau, en matière de compétences fondamentales telles que la conscience phonémique, le décodage, l’orthographe et l’écriture manuscrite, et offrent des conseils pratiques pour soutenir un enseignement structuré de la lecture et de l’écriture à partir de la première année.
Par contre, le programme de maternelle n’a pas encore été mis à jour. Alors que le Continuum des notions fondamentales de la lecture et de l’écriture inclut une colonne Jardin/1, son utilisation n’est pas obligatoire avant la première année. Un nouveau programme de maternelle conforme à ces attentes devait initialement être mis en œuvre en septembre 2025, mais son lancement a été reporté d’un an, à septembre 2026.
Par conséquent, 260 000 enfants supplémentaires, soit le nombre moyen d’élèves entrant à la maternelle chaque année en Ontario, commenceront l’école cet automne sans la garantie de recevoir un enseignement des compétences fondamentales. Leur accès à l’éducation dépend entièrement du choix de leur enseignant de suivre ou non les nouvelles directives, ce qui engendre des inégalités inacceptables en matière d’opportunités et de résultats.
L'orientation pédagogique est-elle alignée avec l'alphabétisation structurée ?
L’Ontario a publié des directives pédagogiques mises à jour, conformes à l’approche structurée de l’alphabétisation, recommandant un enseignement explicite et systématique des compétences fondamentales en lecture, en écriture et en orthographe. La province a également investi dans des ressources et du perfectionnement professionnel pour soutenir les enseignants grâce à son partenariat avec Dyslexie Canada via ONlit.org.
2. Dépistage
La province s'est-elle engagée publiquement à mettre en œuvre le dépistage précoce universel ?
La mise en œuvre d’un dépistage universel et précoce de la lecture était une recommandation clé de l’enquête « Le droit de lire » de la Commission ontarienne des droits de la personne,et la province s’est publiquement engagée à mettre en œuvre cette réforme en 2022. Cela a marqué un tournant important dans la politique d’alphabétisation et a jeté les bases d’un repérage et d’un soutien plus précoces pour les élèves à risque de difficultés de lecture.
La province exige-t-elle que les écoles utilisent des outils de dépistage fondés sur des données probantes, valides et fiables ?
La province a fait appel au Ontario Education Collaborative Marketplace (OECM) un organisme d’achat indépendant, a été chargé de piloter le processus de sélection des outils de dépistage. L’OECM a collaboré avec des experts externes pour établir des critère rigoureux axés sur des données probantes de haute qualité. À la suite d’un appel public à propositions et d’un processus d’évaluation, la province a approuvé une liste de trois outils en anglais et d’un outil en français. Tous les conseils scolaires sont tenus d’utiliser un outil de cette liste approuvée, ce qui garantit la cohérence et la qualité dans tout l’Ontario.
Existe-t-il une politique ou un règlement obligeant les écoles à dépister tous les élèves de la maternelle à la deuxième année au moins deux fois par an ?
L’Ontario a formalisé les attentes de dépistage avec
Politique/Programmes Note 168, ce qui représente un progrès majeur. En intégrant le dépistage à sa politique, la province s’est assurée de sa pérennité. Toutefois, la politique actuelle n’exige qu’un seul dépistage universel en début d’année. Un deuxième dépistage est requis seulement pour les élèves identifiés comme étant à risque.
Ça crée un écart important. Si le dépistage d’automne indique qu’un élève est sur la bonne voie, cela signifie qu’il commence l’année avec les compétences fondamentales nécessaires pour suivre les apprentissages de son niveau scolaire et qu’il est statistiquement probable qu’il maintienne son niveau de lecture s’il bénéficie d’un enseignement efficace tout au long de l’année. Un deuxième dépistage de mi-année pour tous les élèves permettrait aux écoles et aux commissions scolaires de vérifier l’efficacité de l’enseignement et d’intervenir immédiatement en cas de problème. Avec la politique actuelle, les élèves recevant un enseignement inadéquat risquent de ne pas être identifiés avant l’automne suivant, ce qui entraîne de nombreux mois d’apprentissage perdus. Un examen universel à mi-année est essentiel pour garantir la qualité de l’enseignement et éviter que les élèves ne prennent du retard.
3. Intervention
Existe-t-il une politique ou un document d'orientation qui précise comment les écoles utiliseront les données de dépistage pour guider les décisions d'intervention ?
L’élaboration de critères objectifs et fondés sur des données pour déterminer quels élèves bénéficient d’une intervention était une recommandation clé de l’enquête « Le droit de lire » de la Commission ontarienne des droits de la personne. La Commission des droits de la personne a soulevé de sérieuses préoccupations quant aux biais de sélection dans le choix des élèves bénéficiant de soutien et a souligné que l’absence de critères clairs et uniformes compromet l’équité. Pour remédier à cette situation, elle a recommandé à la province d’élaborer des protocoles normalisés de prise de décision en matière d’intervention, basés sur les résultats du dépistage. Or, ça n’a pas encore été fait. Bien que certains conseils scolaires aient mis en place des processus locaux, aucune politique provinciale ne garantit un accès uniforme, équitable et rapide à l’intervention dans l’ensemble de l’Ontario.
Les écoles sont-elles tenues d'utiliser des interventions fondées sur des données probantes ?
Le ministère a dressé une liste d’interventions fondées sur des données probantes et éligibles au financement, et les conseils scolaires sont censés choisir parmi cette liste lorsqu’ils font de nouveaux achats. Cependant, aucune politique officielle n’exige l’utilisation de ces interventions, et les conseils scolaires peuvent continuer à utiliser des programmes plus anciens et moins efficaces s’ils les possèdent déjà. Bien que la plupart des conseils scolaires se soient efforcés de mettre à jour les programmes après Right to Read, consistency remains lacking.
Existe-t-il une politique qui oblige les écoles à suivre la mise en œuvre des interventions ?
L’Ontario n’exige pas actuellement des écoles qu’elles documentent la fréquence et la constance des interventions. Ce manque de suivi pose un problème majeur. Sans ces renseignements, il est impossible de déterminer si le manque de progrès d’un élève est dû à une inadéquation de l’intervention à ses besoins pédagogiques actuels, à des difficultés de lecture plus importantes ou à une dyslexie, ou tout simplement au fait que l’intervention n’a pas été mise en œuvre comme prévu.
Dans le cadre de notre programme de soutien aux parents, nous recevons régulièrement des témoignages de familles à qui l’on a assuré que leur enfant bénéficiait d’un programme d’intervention spécifique, souvent conçu pour être dispensé quotidiennement pendant un nombre déterminé de semaines. Par contre, en creusant un peu, ces familles découvrent que l’enfant ne reçoit l’intervention qu’une ou deux fois par semaine. Dans ces cas-là, l’enfant n’a pas réellement accès au programme tel que prévu, ce qui rend injuste et inapproprié de juger le programme ou l’enfant sur la base de ce manque de progrès. Sans un suivi rigoureux de la mise en œuvre, certains élèves sont laissés pour compte et une évaluation pertinente du programme devient impossible.
Le suivi des progrès est-il obligatoire ?
Tous les conseils scolaires ont maintenant accès à des outils de dépistage dotés de fonctions intégrées de suivi des progrès, ce qui élimine tout obstacle logistique. Cependant, la province n’a pas rendu obligatoire l’utilisation de ces outils pour évaluer régulièrement la réponse des élèves aux interventions. Formaliser le suivi des progrès permettrait aux enseignants d’adapter leur enseignement et d’assurer un soutien opportun.
Existe-t-il une politique obligeant les écoles à partager avec les parents les données relatives à la mise en œuvre des interventions et au suivi des progrès ?

Les écoles ne sont pas tenues de rendre compte du type, de la fréquence ni de l’intensité du soutien apporté aux élèves. La transparence est essentielle pour établir la confiance et permettre aux familles de défendre efficacement leurs intérêts.
La province recueille-t-elle des données avant et après l'intervention afin d'évaluer en permanence les programmes et d'améliorer le système ?
Bien que certains conseils scolaires puissent assurer ce suivi localement, il n’existe aucun système provincial de collecte ou d’analyse des données sur les résultats des interventions. Il s’agit d’une occasion ratée de cerner les pratiques efficaces et d’orienter la planification future.
4. Formation des enseignants
Les normes d'agrément des enseignants exigent-elles qu'ils apprennent la science de la lecture ?
L’enquête « Le droit de lire » a révélé que les programmes de formation des enseignants en Ontario présentaient de graves lacunes en matière d’enseignement des sciences de la lecture. La Commission ontarienne des droits de la personne (CODP) a formulé de fortes recommandations à l’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario (OEEO) afin qu’il mette à jour ses normes et que tous les candidats à l’enseignement acquièrent des pratiques pédagogiques fondées sur des données probantes. En 2023, un an après la publication du rapport, l’OEEO a publié de nouvelles normes. normes pour les programmes universitaires de formation des enseignantsmais le document ne fait pas référence à l’enquete Le droit de lire et ne répond pas aux recommandations de la Commission.
Les normes d'agrément des enseignants les obligent-elles à s'informer sur la dyslexie ?
La dyslexie n’est pas explicitement mentionnée dans les exigences de certification des enseignants en Ontario. Par conséquent, de nombreux nouveaux enseignants obtiennent leur diplôme sans les connaissances ni la formation nécessaires pour identifier et soutenir les élèves dyslexiques et ceux présentant d’autres troubles de la lecture.
Les normes d'agrément des enseignants exigent-elles que ces derniers possèdent les connaissances et les compétences nécessaires pour dispenser un enseignement structuré de la lecture et de l'écriture ?
Les composantes essentielles de l’alphabétisation structurée ne sont pas définies dans les normes d’agrément des enseignants, et les candidats à l’enseignement ne sont pas tenus de démontrer des connaissances ou des compétences dans ces domaines. Certaines facultés d’éducation ont entrepris la mise à jour de leurs programmes, mais les progrès sont inégaux. Les conseils scolaires de la province déplorent que les nouveaux enseignants n’intègrent pas la profession avec les connaissances et les compétences nécessaires à la mise en œuvre efficace du programme de langues ou des politiques de sélection.
La province investit-elle dans le développement professionnel des enseignants actuels pour les aider à passer à une approche structurée de la lecture et de l'écriture ?
L’Ontario a octroyé du financement aux conseils scolaires et a investi dans la création d’ONlit.org, une plateforme provinciale développée en partenariat avec Dyslexie Canada et IDA Ontario. ONlit offre des ressources prêtes à l’emploi et des occasions de perfectionnement professionnel continu axées sur l’apprentissage structuré de la lecture et de l’écriture. De nombreux conseils scolaires ont utilisé ces ressources pour soutenir l’apprentissage professionnel intégré au travail, et certains conseils de pointe ont mis en œuvre des modèles d’accompagnement efficaces pour aider les enseignants à faire évoluer leurs pratiques. Il s’agit d’une évolution prometteuse, mais avec 72 conseils scolaires répartis dans toute la province, la prestation du perfectionnement professionnel demeure très inégale. Une stratégie provinciale mieux coordonnée contribuerait à assurer un soutien équitable à tous les éducateurs.
Cette page a été mise à jour pour la dernière fois le 20 août 2025 et reflète les meilleures informations que nous avons trouvées à ce moment-là. Si vous avez connaissance de développements récents ou si vous avez des suggestions de liens utiles ou de mises à jour à inclure, veuillez nous contacter à l’adresse info@dyslexiacanada.org.